Qui était Juliette Dodu ?
Juliette Dodu nait à la Réunion en 1848, dans une famille originaire de l'Indre. À l'âge de 16 ans, elle quitte son île natale avec sa mère, veuve depuis peu, pour s'installer en métropole.
La famille emménage à Pithiviers, où Mme Dodu est nommée directrice d'un bureau télégraphe dans lequel Juliette est employée.
Mais alors comment cette jeune fille à la vie simple est-elle devenue L'héroïne de Pithiviers ? Qu'a-t-elle bien pu faire pour devenir la première femme à obtenir la légion d'honneur ?
Retranchée à l’étage de la maison du télégraphe
L’histoire se déroule durant la guerre Franco-prussienne de 1870. À l’époque, la France est en partie occupée par la Prusse et les militaires ennemis s'installent à Pithiviers le 20 septembre 1870. Juliette et sa mère doivent alors accueillir les soldats qui utilisent le télégraphe de Pithiviers pour communiquer.
L'armée prussienne ayant investi le rez-de-chaussée de la maison, la famille Dodu, se voit contrainte d'habiter au premier étage. Depuis sa chambre, Juliette parvient à connecter un ancien appareil sur la ligne de communication et intercepte les télégrammes prussiens entrants et sortants. Une simple dérivation qui lui permettra de transmettre les secrets militaires à l’armée française durant 17 jours !
40 000 soldats sauvés grâce à son intervention
Les lettres que Juliette Dodu envoie à l’armée française permettent de prévenir l’état-major que les prussiens préparent une embuscade. 40 000 hommes du général Aurelles de Paladines risquent d'être piégés ! Prévenu à temps, le commandement militaire peut manœuvrer ses troupes et évite le drame.
L'espionne capturée et condamnée à mort
Après 17 jours, les prussiens découvrent finalement la dérivation. Juliette est alors arrêtée, emprisonnée puis condamnée à mort par la cour martiale. Fort heureusement, l'armistice est signé avant son exécution. La jeune fille est graciée par l'empereur prussien et autorisée à revenir en France.
Héroïne de France et de Pithiviers
À son retour au pays, Juliette se voit attribuer sa première reconnaissance militaire. En effet, le 8 décembre 1870, on accorde une mention honorable à une vingtaine d'employés du télégraphe dont elle fait partie.
En 1877, cette mention se transforme en médaille militaire puis, en 1878, elle est finalement faite Chevalier de la Légion d'honneur. Elle devient donc la première femme de l'histoire française à recevoir la médaille militaire et la Légion d'honneur à titre militaire.
Après sa mort en 1909, elle recevra des obsèques nationales avant d’être inhumée au cimetière du père Lachaise. À Pithiviers, on commémore son histoire devant la maison du télégraphe. Pour le 100ᵉ anniversaire de sa disparition, en 2009, un timbre lui a aussi été dédié.